Nos chevaux

10 ans à l'école

2 ième partie


Sahada


Encore un cheval d'exception pour notre école. Une perle qui savait faire de nombreuses choses en plus d'apparaître de jolie teinte isabelle et d'un modèle plaisant.
Son entrée dans l'écurie n'est pas banale. Elle est due à une très improbable succession de hasards.
En 1994, la grande randonnée (enfin, tout est relatif, nous étions 13 cavaliers) a eu pour cadre le massif des Vosges, en France. Ce fut une magistrale réussite. Décors grandioses, fort dépaysement, maintes joies équestres et touristiques, le tout avec un groupe dont je me rappelle la douce convivialité. Nous étions partis d'une ferme auberge équestre,«  La Zimette  » pour une grande boucle en cinq étapes.


Dans les estives, le troisième jour, nous vîmes de loin, sur une forte pente, un troupeau d'une vingtaine de chevaux en quasi-liberté. Au fur et à mesure que nous approchions, bien mise en valeur par le soleil, la robe comme rissolée d'un petit cheval accrochait mon regard. Nous arrivions prés d'eux, la ribambelle des montagnards s'agitait, tous montrant gaiement leurs allures. Le petit doré s'exprimait le plus à son avantage.
Une heure plus tard, à l'étape, je me renseignais sur celui dont nous ne connaissions pas encore le nom pour m'entendre dire qu'il appartenait au propriétaire…de la Zimette , à 80 km de là ! Contacté, celui-ci accepta un essai d'une demi-journée le lendemain.

Essai positif, retour à notre point de départ à la Zimette et dernière soirée. Au repas, je demande à notre hôte s'il veut bien vendre Sahada. « Ooohh,ooh ! Celui-là !! Mais c'est mon meilleur, un tout bon, le gratin parmi ceux que j'ai jamais fait naître ! » Ça commençait fort. Puis, il m'annonce un prix à trois fois la valeur du poney. Débute alors le plus long marchandage de ma carrière… et le plus arrosé.
A minuit, il diminue son évaluation de 30%. A deux heures, nous atteignons 40% de moins.
A deux heures trente, il « rompt » la négociation… Parlottes sans fin à propos des chevaux de nos vies… Enfin à quatre heures du matin, nous nous serrons la main. J'achète Sahada à peine moins que le double de sa valeur non sans que mon interlocuteur ne m'offre « pour te soulager » un tee-shirt à l'effigie de sa maison !
Jamais je n'aurais à regretter, ni l'achat, ni le tee-shirt.
Restait à payer. Moyen inhabituel pour ce genre de transaction, ma carte de crédit fit l'affaire ! Pendant le voyage de retour, la cavalerie du se serrer dans le camion afin de procurer une (toute) petite place à Sahada.

Nous sommes revenus avec 14 chevaux et Sahada à commencé sa vie au Bois du Roi.

Rapidement, il s'est révélé bon dans tous les domaines. Infatigable, il enchainait promenades, au pas avec les débutants ou celles du dimanche matin, leçons de tous niveaux (il excellait en initiation à l'obstacle) et les randonnées d'une semaine ou d'un jour.
Un gentil, facile en tout, jamais malade ou blessé. De plus un modèle et une robe qui plaisait à beaucoup.
D'année en année, ce formidable travailleur procura bien des joies à ses multiples fans.
Sur une longue période de plus de 10 ans, il gagna quelques manches des challenges d'obstacle, montés par 5 ou 6 cavaliers différents au moins. Par exemple, en 2002, il gagne le classement général en 70/75 cm avec Pierre Marbaise.

En 2006, à 17 ans, il diminuait un peu physiquement. Un régime d'activité allégé s'imposait.
A la suite d'une d'une annonce sur internet, une famille est venue l'essayer. Sahada les a séduits aisément. Un mélange de modestie et de douceur, l'amour sans mièvrerie qu'ils montraient pour les chevaux, décidément ces gens nous plaisaient à Marie-Anne et moi.
Ainsi, Sahada, maintenant au Luxembourg (très près d'Arlon), où il est en pension dans un manège, vit la troisième période de sa vie auprès de gentilles personnes à qui il procure beaucoup de contentement.
Comme toujours avec lui !

Souvent, j'y repense à ce petit cheval attendrissant. Peu d'entre eux ont démontré autant de qualités tout au long de leurs passages au Bois du Roi.

 


GRIBOUILLE

 

 

Gribouille mesure 1 mètre 27. Encore un petit cheval ! La liste de ceux dont on parle dans cette série d'articles (dix ans de présence ou plus au manège) comporte le plus souvent des chevaux de petite taille ou des poneys. Cela semble un critère important pour ce qui concerne la longévité. On dit que les grands chevaux sont plus fragiles. Cela se vérifie sur le long terme au Bois du Roi .

 

Gribouille est entrée dans l'écurie en août 1994. Achetée à un marchand en même temps qu'une autre ponette grise : Yeoudi. Cette Yeoudi a vécu trois ans chez nous. Elle avait une bouche merveilleuse, mais demandait une main moelleuse et précise. Pas vraiment la description d'une main de débutant ! Trop peu de petits cavaliers la montaient correctement. Yeoudi se défendait. Elle n'était pas faite pour l'école. Dommage, car c'était un excellent poney.

 

Gribouille était très liée à un autre poney, le hongre Abel. C'était le couple du manège. Installés dans le même box ou côte à côte en stalles, même en prairie, ils ne se quittaient jamais. On voit souvent, quand on observe la vie sociale des équidés, de telles amitiés profondes. Ce sont dans la majorité des cas un hongre et une jument qui passent ainsi leur destinée ensemble. Ces relations sociales entre eux sont une composante essentielle de l'existence des chevaux.

Gribouille n'a pas laissé que de bons souvenirs. Certains cavaliers, prévenus qu'il fallait la monter, tentaient par tous les moyens d'y échapper : regards implorants, supplications, simulation de maux de ventre, mines dépitées. Gribouille jouissait en effet d'une terrible réputation. La technique qu'elle utilisait pour vider sa selle n'appartenait qu'à elle et c'est avec un certain brio qu'elle en usait couramment pour manifester son mécontentement de devoir galoper derrière la reprise. Cela permettait aux plus téméraires ou aux plus adroits de démontrer leur courage en affirmant aimer monter ce poney.

Mais Gribouille c'était aussi une jolie ponette. L'image de sa crinière flottant au vent du galop (allant jusqu'à recouvrir la cuisse des cavaliers) est un souvenir charmant. Pendant treize ans, elle a assuré régulièrement son service au manège sans ennui de santé ni autre souci important. Elle a été la monture de très nombreux élèves lors des cycles d'obstacle. Elle a permis la réussite d'une flopée d'examens.

A l'automne de cette année, Gribouille a été vendue à une petite cavalière, Jessica Lawerens, qui l'aimait beaucoup. Elle est maintenant en pension au cercle équestre de la Belle Fleur à Cheratte.

Charlotte Lousberg et Michel Lequarré


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Mise à jour : 18-déc-14 ]