Manon Lekeu en Angleterre

Haut niveau et rude besogne


Manon Lekeu sur Mr Potts au concours 4* de Pau le 26 octobre juste après le dressage
de Louise Harwood, cavalière et propriétaire du cheval.



" Ma cavalière s’appelle Louise HARWOOD. Tout juste quadragénaire, elle fait partie du top mondial,
avec un niveau technique impressionnant . Ici avec Whitson, mon préféré." 
 

La vie avec les chevaux devient parfois « la » vie. D’un banal  loisir, on passe
à la passion. Puis la passion se transforme en mode d’existence. A ce stade,
les chevaux occupent chaque heure, chaque pensée ou peu s’en faut.
Dans le monde équestre, ce phénomène est extrêmement répandu.

Exemple avec Manon Lekeu, jeune cavalière prometteuse, à cheval
chez nous depuis 10 ans passés, monitrice et véritable pilier de notre
communauté. Depuis début août, elle bénéficie d’une opportunité fascinante
au sein d’une écurie professionnelle de concours complet en Angleterre !
Après trois mois outre-Manche, Manon (18 ans) livre ses impressions.

«En accord avec mes parents, il avait été décidé depuis longtemps que
je ferai une année avec les chevaux entre les études secondaires
et supérieures.
 J’ai choisi l’Angleterre pour apprendre l’anglais. De plus,
c’est le centre mondial du complet. Or je souhaitais me perfectionner
dans les trois disciplines : dressage, obstacle, cross.

Issu lui aussi du Bois du Roi, le cavalier international de complet
Xavier Snackers m’a recommandé dans l’écurie où je suis maintenant.
Un privilège, car Xavier a soigneusement choisi et j’ai une chance
énorme de monter ici. C’est un village du Herefordshire, proche
du Pays de Galles.

J’ai été surprise par les installations. Rien à voir avec notre Bois du Roi.
Pas de manège, seulement une carrière drainée, cela ressemble à une
ferme rustique avec plein d’animaux, basse-cour, cochons, etc.
Il y a parfois de la boue et par rapport à chez nous beaucoup de désordre.
J’ai visité d’autres écuries pros de complet assez semblable. Ici cela semble
la norme. Mais il ne faut pas s’y tromper, les chevaux sont excellents
(plus que çà) et super soignés. Ma cavalière s’appelle Louise
HARWOOD.
Tout juste quadragénaire, elle fait partie du top mondial, avec un niveau
technique impressionnant.   
Elle a fini au moins 10 fois Badminton et a obtenu des dizaines de
classements en 4 * ou 3*. Je l’aime bien. C’est une personne vraiment bien.
Malgré mes difficultés avec la langue, elle reste gentille et patiente,
elle a de l’humour. Bonne pédagogue, elle souhaite réellement m’apprendre
le métier. En équitation et aussi pour les soins, je progresse énormément
avec Louise. A cheval, je suis plus subtile qu’il y a 3 mois ! Elle me laisse
monter tous ses chevaux, même les meilleurs ! Monter des 4*, moi ! Quel honneur !

La maman de Louise est souvent à l’écurie. Avec elle, c’est une autre
paire de manches, il faut filer doux !

Je ne trouve pas les chevaux trop difficiles. Ils sont très éduqués,
agréablement coopératifs, autant à pied que montés. Mon préféré
s’appelle Whitson, 14 ans plusieur 4 * à son actif. Louise me donne
des cours de dressage avec lui.

Ici, on travaille très dur ! A 7 heures, je nourris les 16/17 chevaux
avec des grains. Comme  les chevaux vont au pré par lots, j’en sors
et en rentre matin, midi et soir. A partir de 8 h, je fais les boxes (partout
des copeaux), puis il faut remplir les filets à foin. Ça, c’est quelque
chose ! 32 filets chaque jour ! Ensuite je prépare et j’échauffe les chevaux
pour Louise. En général 6 ou 7, parfois plus que je monte chacun environ 25’.
Avant d’aller manger vers 14h , je décrotine une nouvelle fois tous les boxes.

La pause est de 30 minutes. L’après-midi, diverses tâches, comme préparer
le concours du lendemain, ramasser les crottins dans les prairies, rabattre
les bords de la carrière (à la main), etc.
A 17h 30’, rotation des lots prairie/écurie, décrotiner, nourrir foin et grain.
A 18h 15’ j’ai fini. Je suis brisée ! Environ tous les 10 jours, j’ai congé 24 heures.

Il y a aussi les concours. Au Royaume-Uni, on organise de nombreuses
épreuves, également  en semaine. Les sites, presque toujours magnifiques,
dans d’immenses parcs de châteaux laissent rêveurs !  Parfois, Louise
participe à 4 ou même 5 concours en une semaine. Ce sont des journées
très, très longues. On peut partir à 2h du matin et rentrer à 23 h. Je prépare
les chevaux, souvent trois ou quatre pour les 3 épreuves. Pas question de
se tromper avec les mors (pleins de différentes embouchures, Louise
aime bien changer), les selles et tout le reste. Il faut être extrêmement organisé.
Une fois Louise en a monté huit en un jour. 24 épreuves au total !
Et elle semble faire cela facilement. Ce jour-là, j’ai dû échauffer comme
si c’était moi qui allais concourir.
Aux compétitions de plusieurs jours, je dors dans le camion. Il y a un mobil-home,
pas très confortable, mais correct. En tant qu’aidante de Louise, j’ai gagné le prix
du meilleur groom lors d’un concours 3* en Ecosse. C’était amusant !

Ce qui m’a le plus impressionné ? Au 4* de Burghley (un des six 4* du monde)
la hauteur des obstacles était hallucinante. Les haies me dominaient de 20
ou 30 centimètres ! Et  aussi la foule immense le jour du cross. On parle
de 75 000 personnes et peut-être encore davantage.

D’ailleurs, les chevaux comptent beaucoup pour les Anglais. On dirait que
tout le monde monte à cheval ! Les cavaliers sont extrêmement nombreux,
de tous les âges (parfois, Louise donne des cours d’obstacle à des personnes
de 75 ans !).  On voit des chevaux et des poneys absolument partout et les
adultes montent volontiers des poneys. Les gens connaissent les chevaux
et sont très respectueux, par exemple les automobilistes ralentissent
presque jusqu’à l’arrêt ou coupent leur moteur.

Ce qui me plait le plus, ce sont les leçons de dressage. C’est comme
si je poussais sur des boutons et le cheval exécute facilement des figures
compliquées comme des appuyer au galop ou de ce niveau-là !

Côté négatif, le cadre de travail me semble rustique, rude. Chaque matin,
la dure besogne à venir sape mon moral, je commence difficilement.
Ensuite mon humeur s’améliore surtout parce que je monte des chevaux
merveilleux. Le soir, souvent, je me sens beaucoup mieux, même si mes
parents me manquent énormément. Ali aussi me manque et tout ce que
nous avons au Bois du Roi.

Au final, l’expérience vaut la peine. Je ne parle pas encore bien anglais,
mais il me reste 6 mois et demi de séjour, notamment l’hiver et ses
contraintes à découvrir…


" Mon préféré, Whitson, 14 ans plusieur 4* à son actif. "


Louise Harwood et Mr Potts


Louise Harwood et Whitson