Editoriaux



Assemblée générale de l’école d’équitation fin juin 2020

Cette importante réunion rassemble une fois par an toutes les personnes
qui font fonctionner notre Bois du Roi. A cette occasion, les décisions essentielles
et les grandes orientations sont validées. Lors de mon rapport de président,
je me suis réjoui de la bonne santé de notre établissement malgré 65 jours
de fermeture.
J’ai mis en exergue l’implication formidable et la somme de travail considérable
apportées par les bénévoles. Ceux-ci composent une équipe d’une bonne trentaine
de membres effectifs comprenant les moniteurs plus ceux qui se chargent
du bien être des chevaux et de leur formation.

Quelques exemples que vous ne connaissez peut-être pas.
Manon Lekeu entraine chaque jour un, deux ou trois chevaux afin d’obtenir
des montures d’école fiables. Alienor Linotte consacre quotidiennement (7 sur 7)
30 à 60 minutes pour soigner les petits bobos de nos 50 chevaux et poneys.
Il faut 15 heures d’un labeur pénible pour nettoyer la face inférieure du toit
et les parois du manège à l’occasion des manifestations spéciales.
De mars à octobre, un volontaire arrose 3 heures par semaine la piste intérieure.

On pourrait établir une liste interminable ! Sachez seulement que le total
des prestations de nos 35 valeureux atteint au minimum (en période normale)
100 heures hebdomadaires dimanche et jours fériés compris !
Trente ans que cela dure !
Trente ans que des personnes généreuses incarnent l’école. Quand on y réfléchit,
c’est à peine croyable. Je vous fais part de cela pour les remercier avec émotion.
Je me permets de le faire aussi en votre nom. Car sans eux, nous aurions besoin
de quatre emplois à temps plein, soit un budget annuel d’environ 150 000 €.
Or le chiffre d’affaires de l’école a été en 2019 de 176 186 €. Cela signifie que cette
fabuleuse implication des bénévoles évite une augmentation des prix de 85 % !

Particulièrement, l’assemblée générale a mis en évidence Claude Blistain
et ses 10 ans de dévouement avec la plus grande disponibilité.

D’autre part, l’assemblée générale  a réfléchi sur la dispersion pédagogique
de quelques élèves et voudrait mieux fédérer l’ensemble des membres vers
des objectifs et moyens communs. Elle a aussi décidé de n’inscrire au tableau
d’honneur que les seuls lauréats de nos propres examens ou de ceux encadrés
par notre équipe.

Pour le reste, nous poursuivrons selon nos valeurs fondamentales : vivre du bonheur
en équitation par le respect de soi-même, des autres et des chevaux ; ambition de faire progresser et de construire chacun grâce à un travail bien fait, empreint de discipline
et de rigueur. Cela en maintenant la plus haute qualité possible concernant la cavalerie,
la sellerie, les installations et par-dessus tout l’enseignement.

Michel Lequarré
1-7-2020

Beaucoup plus qu’un manège !
19-2-2020


Au Bois du Roi nous ne croyons pas à l’équitation uniquement « récréative ».

Pour aller à cheval, il faut une formation et parvenir à un socle de compétence.
Sans quoi, le pratiquant ne s’amuse pas, reste crispé, inflige des désagréments
à sa monture et augmente fortement les risques. En clair, pour des adultes
le minimum serait d’atteindre un niveau proche de l’étrier d’or (moins l’obstacle
pour les plus de 45 ans) et pour les enfants et ados, obtenir le 1er degré.

L’autre jour, on pouvait lire une déclaration d’un des grands professionnels
d’obstacle de notre pays. 
« De par mon métier, je suis en compétitions internationales chaque week-end
et je ne vois jamais nos petits concours régionaux. Exceptionnellement,
je me suis rendu récemment à un de ces concours, accompagné par un des
meilleurs cavaliers allemands. Nous avons été atterrés ! C’était une épreuve
80/90 cm. Le niveau est très bas. Deux tiers de ces jeunes ne maitrisent même
pas une seule des notions techniques de base. Les trajectoires sont
trop souvent fausses, la position des cavaliers avant l’obstacle, pendant
et après le saut reste aléatoire. L’équilibre, la cadence et la vitesse
du cheval ne sont pas adaptés ! Il faut que les parents se posent les bonnes
questions concernant l’enseignement de l’équitation et la fédération doit
s’intéresser davantage à la formation. »

Nous partageons tout à fait cet avis éclairé. Mais comment atteindre
une compétence de plus en plus pointue comme tout le monde le souhaite ?
Laissons pour l’instant les aspects cavalerie, matériel, installations
(essentiels cependant) et concentrons-nous sur la pédagogie.

1. D’abord de la persévérance et laisser du temps au temps ! Exemples :
pour être à l’aise lors d’une promenade très facile aux 3 allures, comptez
environ 50 séances, mais pour former un premier degré, 750 séances en moyenne !
Deux fois par semaine pendant 7 ans et demi ! Une réalité qui n’arrangera
probablement pas les rêveurs impatients ni ceux qui se dispersent en pratiquant
des activités en surnombre. Devenir cavalier suppose un investissement fort !
Fréquemment au détriment d’autres possibilités.

2. Ensuite, un enseignement de qualité et exigeant. Car si les principes
de base ne sont pas inculqués on n'instruit personne. Exigeant ? Puisqu’un geste
est juste ou faux, on continuera de corriger l’élève jusqu’à ce qu’il maitrise
le mouvement. On reprendra dix fois, cent fois l’exercice ! Jamais l’enseignant
ne transige ! Jamais il ne dira «  c’est bien » si cela n’est pas.
Cependant il procédera par étapes et soulignera les progrès, même minimes.
Force est de constater que cette rigueur déconcerte parfois !

3. Et en effet, pour apprendre l’équitation, chacun devra puiser dans ses ressources.
Des qualités humaines, quasi intimes seront mises à contribution.
- la sensibilité, le sens de l'observation, l'adresse.
- Le courage, le cran. Oser des choses qui paraissent parfois difficiles.
Remonter après une chute…
- L’humilité, la modestie, car rien de tel qu’un cheval et l’équitation pour ramener
les égos à leurs justes proportions. Tous les cavaliers ayant un peu d’expérience
savent  cela !
- Accepter la discipline, respecter les professeurs sans quoi tout se dérègle :
chevaux négligés, matériel non rangé devenu introuvable, horaire improbable,
groupes hétéroclites avec des élèves trop avancés ou de niveau insuffisant,
sécurité galvaudée, en bref pagaille et désorganisation, puis plus loin destruction
de l’école !

En restant intéressant et gai, le staff Bois du Roi poursuivra dans l’exigence,
car nous aimons profondément la belle équitation et souhaitons offrir du bonheur
grâce aux chevaux. De plus, nous sommes convaincus que celle-ci contribue
à former et épanouir des personnalités riches et fortes également en dehors
du domaine équestre.

Nous voulons transmettre ceci à nos membres : les efforts
à long terme payent toujours que ce soit pour la joie à cheval (plus on acquiert
de compétence, plus on s’amuse !) ou dans la vie ! Certains enfants et des ados
de 2020 semblent avoir un peu de mal avec cela. Ensemble, nous pouvons
leur apprendre que la récompense différée (après une ardeur de longue haleine)
est souvent intense et surtout plus durable !

Tout cela, c’est bien plus que seulement « aller à cheval ou à poney » !

19-2-2020


Bonne année 2020


Photo Brigitte Melen

A l’heure des nouvelles résolutions et des vœux, toute l’équipe du Bois du Roi
vous souhaite le meilleur en 2020 et vous conseille des qualités fort
utiles en équitation.

Au début de notre activité au Bois du Roi, nous avions un cavalier d’une trentaine
d’années. Son père avait parfaitement réussi en tant que moniteur de golf
à une époque où greens et golfeurs étaient rares. « Mon paternel a fait
prospérer sa famille uniquement grâce au golf. J'ignore s’il était un bon
professeur, mais il avait un talent : il savait persuader ses élèves qu’ils
jouaient bien ! »

Il savait persuader ses élèves qu’ils jouaient bien ! Cette petite phrase
nous turlupinait. Nous-mêmes, devions-nous posséder cette faculté afin de mener
notre projet à bien ou pouvait-on procéder autrement ? Une école d’équitation
digne de ce nom était-elle compatible avec le cadre commercial ?

Marie-Anne et moi, nous fîmes comme nous le sentions en plaçant le curseur
nettement du côté de l’enseignement au détriment de l’aspect mercantile à court
terme. Excellente décision; d’une pierre deux coups ! D’un côté, notre maison
fonctionnait en formant beaucoup de membres conformément à notre schéma
essentiel et de l’autre la satisfaction sur le long terme des élèves/clients assurait
la pérennité de ce qu’il faut bien appeler une entreprise.

Donc nous n’avons pas cherché à persuader les cavaliers qu’ils montaient bien,
nous avons voulu qu’ils montent bien ! C’est beaucoup mieux. Et implique de susciter
chez eux des qualités (des vertus ?) parfois difficiles à mettre en œuvre comme
la persévérance, le courage, la sensibilité, la patience, la minutie, la rigueur,
auxquelles s’ajoutent l’humilité, la modestie et la générosité (notamment
quand on instruit de jeunes chevaux). Vaste programme ! Nous en  convenons.

Voici un bel exemple. Majoli n’a jamais consenti à sauter. Pour l’étrier
d’or une candidate, Isabelle Meurice, jeune fille pleine d’entrain se mit en tête
d’accomplir les deux épreuves pratiques avec lui. Challenge probablement
impossible, mais elle ne se démoralisait pas. Peu à peu, au fil des mois,
Isabelle obtint des enchainements et le jour J, elle décrocha le brevet
sur le dos de Majoli ! Superbe moment plus jamais reproduis.
Comportement magnifique d’Isabelle qui au lieu d’espérer une monture facile
s’oblige à une tâche ardue et réussit ! A méditer pour ceux qui refusent
de voir leur manque de compétence et préfèrent transférer leur faiblesse
sur le compte du cheval !

Humilité et modestie s’imposent, car celui qui se surestime ne distingue
pas les améliorations nécessaires et bloque ainsi sa progression.  Osons
une répartition à la grosse louche. Environ 70 % des élèves se surestiment
(certains d’une manière inouïe), 10 % au contraire se déprécient. Les  20 %
restant se jaugent à peu près sagement. Quasiment tous les bons cavaliers
se retrouvent dans ces deux dernières catégories ! Car ceux qui se surévaluent
le font justement parce qu’ils n’ont pas encore perçu l’extraordinaire sensibilité
de nos partenaires équins et à quel point le cavalier doit faire preuve d’un tact
extrêmement fin tout en ayant une position impeccable et des mouvements
fluides rigoureusement adaptés à la situation. Le ou les gestes justes,
précisément au bon moment, avec l’intensité conforme et d’une durée exacte*.
Le tout sur un être vivant qui a sa propre volonté et qui secoue ! Un défi tellement
passionnant que plusieurs vies ne suffiraient pas à en faire le tour !
 
Mais vous pouvez consacrer 2020 à vous approcher de l'objectif. Cela en vaut
la peine, car plus vous accumulerez d’habileté, plus les joies à cheval seront
profondes et plus vous vous épanouirez. Chers élèves, en vous remerciant
de nous faire confiance, c’est aussi cela que nous vous souhaitons en 2020 !
Vive l’équitation !

*gestes justes, au centimètre – timing avec une marge de +/- 15 centièmes
de seconde – intensité à moins de 100 grammes près – durée presque
toujours courte, avec environ  15 centièmes de seconde de marge

Marie-Anne et Michel Lequarré