L'aventure des Vosges

Grande randonnée été 2015

Cinq minutes de pause le 2e jour (photo Danielle Gritten)

Les participants

Cédric Jans

Y-Bob

Rosette Dieni

Jamil

Jacky Debougnoux

Marbre-Rouge

Eliane Beckers

Diego

Brigitte Wijzen

Orgeval

Maximilien Linotte

Aughacas

Andrée Rohen

Graffiti

Dominique Laruelle

Kinoa

Valérie Lemaire

Sucrepom

Danièlle Gritten

Gap

Lucie Linotte

Fuente

Estelle Jans

Doré

Manon Lekeu

Hakuna

Alienor Linotte

Sahid

Michel Lequarré

Bess

Amandine Laruelle

Izadora

Philippe de Brogniez

Tip-Top

Réserve

Majoli

Réserve

Gingko



Le périple

Lundi 6 juillet
Une boucle dans la montagne à Ventron
Mardi 7 juillet
Ventron – Metzeral , gîte Pfeifferberg pour 3 nuits.
Mercredi 8 juillet
Une boucle dans la montagne
Jeudi 9 juillet
Une boucle dans la montagne
Vendredi 10 juillet
Metzeral – Orbey, gîte Pré du Bois
Samedi 11 juillet
Une boucle autour d’Orbey.

De 2012 à 2014, nous avions choisi des randos en Ardennes. Après trois éditions faciles,
nous souhaitions un parcours spécial et il nous semblait que le massif des
Vosges conviendrait.

Dimanche
Au-dessus de la vallée de Ventron, dans un cadre magnifique, le premier logement,
La Zimette, propose toutes les commodités y compris pour les chevaux. Guère gênés
par le terrain en forte pente, ils se régalent d’une herbe abondante. A pied d’œuvre
ce soir du dimanche 5 juillet, le groupe se réjouit du lendemain. Il dénombre 11 adultes
et 6 ados. Partout, nous bénéficierons de chambres ou mini-dortoirs de 2 à 6 places.

Lundi
Loin de notre base, tout paraît moins commode. Terrain inconnu, cartes un peu
différentes, carnet d’adresses quasi vide (égal moins d’aides disponibles)
et dans les Vosges, reliefs prononcés !
Contretemps et contrariétés ne manqueront probablement pas ! En plus certains
débutent en randonnée d’été. Du côté des chevaux, Aughacas, Doré,
Gingko (réserviste) et Hakuna. Chez les gens : Jacky Debougnoux, Andrée
Rohen et Manon Lekeu.

A peine parti, Y-Bob perd un fer dans le raidillon initial gravi à pied à côté
des montures. Nulle part dans les environs de Warsage, il n’existe une côte pareille !
Nous en escaladerons des dizaines d’autres ! Ensoleillé, le temps chaud détrempe.
En cinq minutes hommes et bêtes ruissellent de sueur, mais en haut, à l’ombre,
dans la forêt, vent délicieux et quand nous parvenons sur le sommet du Grand
Ventron à 1200 mètres, les graminées ondulent. Vue superbe à 360° sur les
montagnes arrondies.

Le sentier de la descente aboutit à une série de lacets hallucinants. Dominant
un ravin, ils plongent à chaque virage en épingle. A pied, les cavaliers mènent
en changeant de main dans les tournants vertigineux afin de toujours rester en
amont du cheval. La tension s’accroit quand Manon Lekeu, bousculée par
Hakuna, pédale dans le vide puis réussit à se rétablir.
Finalement tout le monde atteint le bas sans mal. Indifférentes, les montures
expérimentées n’ont pas bougé une oreille. Si les équidés ont peur de tout,
aucun gouffre ne les impressionne !

Plus loin plusieurs chemins signalés sur la carte, mais disparus étirent
l’itinéraire. Un moment nous sommes contraints d’affronter de face une rampe
déraisonnable. Là encore les 17 couples se dégagent à l’unisson !  Etape
longue et corsée ! Quels débuts ! Pourtant l’équipe a fonctionné de la meilleure
des manières en respectant les consignes et en conservant la tête froide.
L’ambiance est au beau fixe.

Mardi
En route vers le second gîte à Metzeral, la ferme du Pfeifferberg. On remonte
au Grand Ventron, puis désescalade vers le nord au contraire de la veille.
Heureusement, nous ne réemprunterons pas les affreux lacets. Non, ce sera pire !

Ciel bleu, soleil au zénith, entre les sapins noirs, les Vosges brassent de l’air frais.
Somptueux décor. Soudain, comme un escalier géant de roche tordue, le sentier
reprend quelques dizaines de mètres en hauteur. Reconnaissance à pied. Le défilé
semble à la limite du possible. Tenu en main, Bess s’élance en premier. Les fers
raclent la pierre, encolure allongée au maximum il trébuche en soufflant comme
un damné, mais en fléchissant les jarrets, il réussit quelques poussées verticales
et il passe ! Tip-Top également. Et Gap laissé libre, de même que d’autres.
Au lieu de calquer ses pas, Jamil diverge. En quelques bons frénétiques,
il s’éloigne de l’unique voie, panique, rebondit sur la paroi, se fait mal, revient
sur lui-même, va vers le précipice, s’immobilise de justesse au-dessus de l’à pic,
hésite comme un suicidaire devant le vide et enfin recule puis dépasse la difficulté
en contournant un bloc aussi gros qu’une maison. Le voilà perclus de coups,
son déplacement raidi nous l’indique. Le reste de la colonne s’en étant mieux sorti,
 le groupe entreprend alors la suite de l’interminable descente sur une ennuyeuse,
mais facile route empierrée. Deux heures et cinquante minutes pour décliner
700 mètres ! A la mi-journée, la pause au bord d’un vaste lac des plus agréables
requinque l’expédition. Jamil rentrera en van. Sa cavalière Rosette Dieni hérite de
Majoli. Nous ne disposons déjà plus de réserve, car Gingko remplace Y-Bob
sous la selle de Cédric Jans !

Remontée des 700 mètres sur l’autre versant. Les chevaux grimpent à petits
pas réguliers en s’élevant de 500 à 650 mètres à l’heure. En fin d’après-midi, ils
s’imbibent de l’eau d’un torrent. Assoiffés, nous y puisons aussi une pure
et fraîche  boisson.
Après bien plus que 7 heures à califourchon, nous découvrons les installations
dispersées sur une montagne boisée. Le repas sous la tonnelle, très convivial
et bien à  l’abri d’une « drache » apaise les  fatigues. A l’intendance, Marie
Lonay, invariablement enjouée et dynamique essaie de dénicher un maréchal ferrant.

Mercredi
Circuit de transition. Après nos deux premiers jours sous la chaleur, ardus
et un peu fous, nous sommes contents de nous en tenir à 4h 20’ de selle.
Site d’un relâche, le superbe lac Schiessrothried au fond d’un cirque réunit
l’eau translucide, les verts émeraude de la forêt et le doux murmure du vent
pour composer un des supers épisodes du voyage.

Responsables ensemble du gîte de Pfeifferberg (mais le lieu est bien plus qu’un
hébergement) Françoise Marchand et Richard Martin forment un couple
remarquable d’où rayonne une réelle humanité et des convictions pour un style
de vie simple et sain. On n’oublie pas le look de Richard. Petit homme timide,
leste comme un cabri, regard facétieux, faramineuse tignasse blanche en pétard,
on dirait Einstein sur un mulet ! Car il monte Ergun, fort mulet gris de 26 ans.
La paire nous guidera demain. Pas de maréchal ferrant à l’horizon !

Jeudi
En pataugeant dans la boue autour de la source utilisée pour s’abreuver, Kinoa
 s’est déchaussé d’un fer durant la nuit. Trois montures indisponibles ! Avec
Jamil (en voie de guérison, il travaillera demain) et Y-Bob, pas referrés.
Valérie Lemaire, un peu malade se désistant aujourd’hui, le compte est bon.
Plusieurs cavaliers changent de cheval et nous démarrons notre plus longue
étape avec Richard et Ergun en tête. Le mulet se déplace lentement.
Un rythme apprécié par nos porteurs à quatre jambes, car on grimpe
longtemps vers une ligne de crête parallèle à celle célèbre du GR5, presque
aussi belle, mais totalement déserte. C’est splendide.

Halte à 1180 mètres. Il n’y a plus que 13°. Sandwiches avalés en vitesse,
le relief et le sol autorisent quelques allures sur des pistes adéquates, celles
du ski de fond en hiver. Un fer de Tip-Top ne tient plus !
A 20 heures (avec 9 heures de retard !), un des quatre maréchaux ferrants
que nous sollicitons en vain depuis deux jours arrive. Soulagement !

Depuis le début, partout, succulente cuisine. Ici, au Pfeifferberg, elle se conçoit
originale, élaborée avec des produits de l’exploitation et naturelle. Comme un
des employés est népalais (un gars extrêmement sympathique), on nous sert
un repas de l’Himalaya. Ensuite, nous essayons des vêtements issus de
l’artisanat népalais, l’occasion d’un défilé de mode improvisé par quatre
randonneurs masculins. La saynète spontanée est drôle, l’assemblée hurle de rires.

Vendredi
Temps parfait, ciel azur, cavalerie à 100% opérationnelle, mais Doré à des crevasses
gênantes et voyagera en van pour cet ultime changement de lieu. Richard nous
accompagne 1h et demie, cette fois sur une vive et menue mule pleine d’allant.
Une demi-heure, il la laisse à Maximilien Linotte en échange d’Aughacas.
Maximilien s’amuse! Richard nous quitte en jouant sur son
harmonica « Ce n’est qu’un au revoir ».

Nous progressons cap au nord, vers Orbey et le gîte du Pré du Bois. Tip-Top
le grand bai de Philippe de Brogniez boite ! A part ce contretemps, jolie étape
aisée si nous n’avions pas rencontré à la fin d’un raide sentier, dans une
sapinière touffue, une barrière électrique impossible à contourner.
Alors que la colonne attend patiemment en position inconfortable (forte déclivité,
étroitesse, branchage piquant des épicéas denses et bas)  Dominique Laruelle
consacre 10 minutes à dénouer les 5 fils (nous sommes équipés). Lorqu’on
avance enfin, Bess, en liberté accroche un câble, s’électrocute, puis arrache
la clôture sur 20 bons mètres, et 20 mètres supplémentaires en revenant !
Le tout en quelques sauts de mouton acharnés sur une déclivité à 30% !
Scène violente, mais le passage est plus que largement ouvert ! Bess n’a rien !

Au 2/3 du périple, le lac Vert accueille la pause, à nouveau un décor de rêve.
Tip-Top dans le van, Philippe de Brogniez repart sur Gingko, employé sur
les 4/5 du parcours et excellent.

L’implantation équestre, pratique, hors du commun en randonnée surplombe
la vallée, un paysage une fois encore éblouissant.

Samedi
La dernière, peut-être la plus belle étape avec le point culminant de la rando
à 1306 mètres et trois lacs.
Le transporteur ayant insisté pour charger à 16 h, nous rentrons à 15h 20’,
nourrissons et abreuvons, rangeons tout et attendons sans nouvelles.
En définitive, le charroi apparaît à 18h avec 24 veaux à destination de Metz !
A 19 heures l'embarquement se termine, 8 chevaux dans la remorque et 7 autres
au 2e étage du camion au-dessus des bovins !  Du jamais vu !
Et ce n’est qu’à sept heures le lendemain que nos accommodants compagnons
retrouvent leur écurie, car le chauffeur  s’est reposé  sur la route. Pas très chic
le transporteur à l’occasion de ce voyage, heureusement tous les chevaux
réintègrent Bois du Roi en parfaite condition.

Absolument magnifique, ce fut pourtant une rando plus compliquée, malgré cela
tous les cavaliers ont fait preuve de la compétence et de l’état d’esprit requis
et au final on retiendra cette semaine de juillet 2015 comme une immense réussite
avec plein d'évènements palpitants !

Mille mercis à Marie Lonay, pour sa disponibilité, sa gentillesse et sa joie de vivre
salutaire au moral de l’équipe.

Michel Lequarré



Eliane Beckers et Diego sur une ligne de crêtes, jeudi 9 juillet 2015 (photo Philippe de Brogniez)


Richard et son mulet Ergun (photo Philippe de Brogniez)


Abreuvement au lac Blanc, samedi (photo Philippe de Brogniez)


A pas lents, dans les fortes côtes.(photo Danielle Gritten)


On voit ici une rigole, comme il y en a beaucoup sur les chemins pentus.
Les chevaux y ont souvent mis les pieds au risque de se blesser.