
La grande randonnée 2013
Harmonie

Le 2e gué, Rosette Dieni suivie d'Eliane Beckers sur Sheytan
Pour le cru 2013, randonnée en étoile, comme il y a deux ans, sur la côte d’Opale.
Les quinze cavaliers et l’intendance occupent un gîte spacieux implanté en
surplomb de la Semois, à la lisière du plateau, au hameau de Conrad.
Chevaux en prairie, sauf Shahill et Bess qui disposent de grands boxes
bricolés avec des perches dans une étable utilisée aussi pour la sellerie
et l’aire de pansage.
Somme toute, des dispositions très commodes. Un bémol pourtant. Des milliers
de mouchettes s’acharnent contre les oreilles. Inconvénient dont nos montures ne
sont soulagées que la nuit. Avec la boiterie de Kinoa tout à la fin, ce seront les
seuls points noirs du séjour.
A l’assistance, les habituelles, Anne-Cécile Huyts et Marie Lonay.
Dimanche 7 juillet
Une région connue, un lieu unique d’hébergement, muni d’une immense
cuisine et de nombreuses salles de bain impliquent des préparatifs légers.
A 16 h notre équipe parée depuis longtemps accueille le camion pour un
chargement express et un voyage sans histoire.
Le soir, rigolade générale quand Philippe de Brogniez s’affale dans une
boue infecte en essayant d’approcher son Tip-Top de l’abreuvoir.
Pour dormir, on n’est pas serrés ! Il y a beaucoup de chambres et des lits en trop.
Lundi 8 juillet
En selle à 10 h 15’. Aucun retardataire. Ni aujourd’hui, ni les autres jours !
Le groupe fonctionnera à la perfection de bout en bout. Un vrai bonheur pour le responsable !
En forêt. On descend. Le ruisseau chante au fond d’un joli vallon escarpé. Paysage
typique de l’endroit que nous rencontrerons chaque jour en crapahutant sur le relief.
Bons sols en général.
Composée de couples bien apparentés, la cavalerie évolue harmonieusement.
Une ou deux erreurs de navigation sont aisément corrigées grâce au GPS,
un outil qui ne dispense pas des cartes, mais qui rend leur lecture plus facile.
Je l’utilise pour la première fois. Il n’altère pas l’esprit randonnée tout en fournissant
un avantage. C’est un réel progrès.
Moins de 30 km, pour cette mise en jambe.
Mardi 9 juillet
Une descente forte procure un peu d’émotion aux novices, cependant tous maitrisent
la situation. L’après-midi, on galope en logeant la Semois avant d’y tremper les sabots.
Trente-deux kilomètres parcourus sous le ciel bleu-azur, par une chaleur qui reste agréable.
Pas mal d’insectes piqueurs, une plaie pour nos chevaux !
Au crépuscule, nous marchons deux kilomètres à pied vers une veillée autour du feu.
Souper saucisses grillées et retour dans la nuit après une excellente soirée sous la nuée.
D’ailleurs, il fait tellement doux que nous prennons la plupart de nos repas dehors.
Mercredi 10 juillet
Avant le périple de demain, le plat de résistance, un tour conséquent de 48 km,
nous poursuivons par une avancée de 25 km avec quelques galops dans les prairies
tout juste fauchées. Un instant nous progressons sur un chemin étroit au bord d’un
ravin. Pas vraiment une corniche à revisiter, mais les chevaux y posent adroitement
les pieds, heureusement !
A midi le pique-nique dans le vent parmi les balles de foin est un moment parfait.
Plus tard, le groupe se baigne et se repose à Vresse puis le soir le jeu-quiz fait monter
l’ambiance au zénith. Alienor Linotte et Cédric Jans sont cette fois les meilleurs devant
la paire Estelle Jans/Audrey Loos.
Jeudi 11 juillet
Afin de franchir les gués situés en amont (il n’en existe pas par ici), nous décidons
de remonter le cours jusqu’au Tombeau du Géant, soit 24 km aller et pareil en
sens inverse. Départ à 9 h, temps frais, conditions idéales. Trois kilomètres
à côté des chevaux en guise d’apéritif, puis allures le long de la magnifique Semois.
Juste avant d’atteindre le premier gué, des arbres coupés nous imposent un
détour de 30 minutes, non sans avoir tenté des contournements sur des pentes délicates.
Nous laissons même les chevaux en liberté pour un goulet raide où ils défilent posément.
Nous les récupérons comme si de rien n’était !
Premier gué, celui du Loquet. Malgré un épais tapis de longues algues ondulant
par toute la largeur de son lit, la colonne passe comme un seul homme la rivière
étalée là sur 80 mètres.
Nous admirons le panorama au Tombeau du Géant. En bas, l’eau profonde du
second gué oblige ceux qui montent des poneys à plier les genoux. Tout le monde s’amuse.
Les dernières heures de ce genre de journée peuvent sembler pénibles pour
les moins aguerris. Pourtant, chacun garde le sourire jusqu’au bout. A l’issue
d’une séance de 8h 45’, dont huit heures en selle et 48 km arpentés, les randonneurs
ne cachent pas une petite fierté en rentrant au gîte, probablement réconforté par
la rencontre inopinée avec un glacier à 3 km du but. Deux boules et un cornet dont
on se souviendra !
Vendredi 12 juillet
Encore ces ruisseaux cachés en bas de défilés boisés. Ultime ballade, au pas,
on se faufile discrètement comme dans des passages pour initiés. Presque un
rite qui soude notre communauté.
Ensemble, nous nous sentons heureux après ces journées lumineuses et paisibles.
Le charme de la grande randonnée a agi, comme chaque fois !
Un immense merci à Anne-Cécile Huyts et à Marie Lonay pour leur dévouement
joyeux et leurs savoureux menus !
Michel Lequarré
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Un rêve se réalise! Les impressions de Tiziana.
Tiziana Piancatelli a rejoint le Bois du Roi depuis bientôt un an. Une nouvelle recrue atypique.
Déjà propriétaire de l’immense hongre Why Not qu’elle n’osait pas monter, son niveau ne
dépassait pas l’étrier de bronze ! Dans le cadre de sa formation (plus pessimiste, on dirait
rattrapage ou sauvetage), cette jeune femme sympathique s’est judicieusement inscrite
pour sa première rando et livre quelques impressions. |

Tiziana Piancatelli et Majoli
Grandiose aventure! Ma première randonnée !
Mes ressentis dans le désordre.
Je sens que Alienor Linotte, humble, et discrète veille avec gentillesse, sur les novices tels que moi.
L’intendance tenue avec expérience par les généreuses Marie Lonay et Anne- Cécile,
nous a soignés aux petits oignons !!
Agréable surprise en découvrant le gite dans lequel nous séjournons, moderne, chaleureux,
impeccablement tenu!
Le paysage dans lequel nous évoluons est verdoyant, fleuri, les vues panoramiques
sont merveilleuses, le soleil est au rendez-vous !
Le premier jour, nous partons de bonne heure. Vues sur les initiés pour ne pas faire
d’erreurs et ralentir mon groupe, je déteste ça ! A quoi dois-je m’attendre ?
Il y a 10 mois de cela, je n’aurais jamais imaginé ce que je vais vivre ! Galopades dans
les champs blonds, traversée de la Semois, ascensions folles dans les bois.
Incroyable évolution ! Moi qui depuis deux ans observais ces cavaliers, rêvant un jour
de réussir un simple galop en piste !!
Une petite descente très pentue me donne des palpitations agréables. Un avant-goût !
Lors d’un passage difficile, une forte et courte descente, nous devons laisser faire
notre cheval… et le suivre. Quel moment !! Tous mes sens sont en éveils, excitée,
curieuse, effrayée, mais j’ai confiance. Si je me retrouve dans cette situation,
c’est que Michel estime que je suis capable de relever ce défi. Le passage est
difficilement observable. Je me sens seule, mais décidée à réussir. Inquiète
pour ma monture, j’agrippe sa queue pour le retenir au cas où ! Totalement illusoire,
me fit remarquer Michel Lequarre, qui avait vu je ne sais comment le passage
de tous ses cavaliers, je n’étais pas seule…
Ascension folle !
Je me tiens au pied de la montée, j’observe Ali et Michel progresser, une poussée
d’adrénaline, me submerge, je ne vais pas me dégonfler !
Devant moi le cheval de Philippe de Brogniez glisse genoux au sol, mon Dieu là j’ai peur,
Tip Top se redresse, je me rends compte de la difficulté de l’exercice. A mon tour !
Majoli grimpe, il me donne un gros effort, je n’ai plus peur, l’instinct prend le relais,
je dirige ma monture afin qu’elle ne glisse sur ces satanées pierres enfoncées dans le sol.
Je suis fière de nous ! Nous progressons bien, j’arrive au sommet, et là surprise!
On suit un petit sentier d’une quarantaine de centimètres de large.
A ma droite une haie, à ma gauche, le vide ! Je garde Majoli sur une rêne d’ouverture
et jambe gauche isolée. Je ne sais pas si c‘est la bonne façon de procéder,
mais je ne veux pas faire le grand saut ! A ce moment je ne pense plus j’agis !
Je vois la fin du passage et là… Mes yeux me trahissent-ils ? Non ! Un arbre
est arcbouté sur la largeur du sentier. Trop bas pour passer en dessous !
Je commence mon « Je vous salue Marie ». La colonne contourne l’obstacle !
Je regarde derrière moi, respire profondément, je passe ma main sur l’encolure
de mon cheval, « on l’a fait » !
Quel sentiment extraordinaire que celui de faire partie d’un groupe de vrais randonneurs !
Nous longeons la Semois au petit trot, la résonnance des sabots frappants
le sol impressionne les touristes. Ils se retournent sur notre passage. Au pas.
Maintenant, nous devons traverser le gué afin de poursuivre notre chemin,
et laisser boire nos chevaux. Le son de nos montures envahissant les flots
est impressionnant, les touristes nous regardent s’écartent, certains émerveillés,
d’autres agacés. Je me tiens droite, trop peut-être ? Mais je suis si fière à ce
moment-là, dans l’eau sur ma petite monture, parmi mon groupe !
Traversée de la Semois.
Michel en tête, je suis stupéfaite de voir le calme de Bess, progressant dans la Semois.
Les algues s’agglutinent autour de ses jambes. Je me demande comment Why Not
aurait réagi ? La paire nous ouvre un chemin, je laisse mon esprit un peu divaguer,
et vois Moïse traversant la mer rouge suivi de son peuple ! Hosanna, c’est à mon tour !
Majoli s’immerge dans l’eau, je ressens tous ses mouvements bien décomposés
par la densité de l’eau, qui je m’en aperçois monte de plus en plus ! Majoli n’est
pas très haut !! Je lève les jambes ! Michel et Ali nous regardent amusés !
Fin de notre séjour, nous sommes attablés, nous rions, évoquons les anecdotes
de notre merveilleuse aventure, et là j’observe Michel Lequarré, calme, serein,
amusé par la satisfaction d’avoir accompli son œuvre, nous rendre heureux,
car c’est ce que je lis sur le visage de mes compagnons.
Pour ma part des émotions oubliées refont surface. Faire confiance, cela m’était
totalement étranger, mais là j’ai lâché prise, lors de ce formidable retour à la nature,
j’ai appris à me faire confiance, ainsi qu’à mon chef de reprise, et à ma petite monture !
Je suis en accord avec moi même !
Merci à l’équipe du Bois du Roi.
Tiziana Piancatelli

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