Danielle Gritten

"Etre sur un cheval dans la nature, c’est être libéré !"


Danielle Gritten à La Panne en mars 2018

Avec d’autres, Danielle Gritten compose ce petit contingent fidèle depuis
la naissance de notre école en 1989. Elle possède une expérience équestre
commencée en 1958 et toute sa famille a monté longtemps chez nous.
Son impeccable position classique, son tact développé et son cran
ont ravi ses différents moniteurs.
Femme profondément charmante, pétrie de douce humanité, Danielle est
revenue aux chevaux plusieurs fois malgré les contraintes d’une famille
de quatre enfants. Elle raconte.

« A part le passage dans la cavalerie militaire de mon grand-père
(il y a un siècle !), aucun lien ne nous reliait à l’équitation.
Je m’en étonne encore aujourd’hui, l’idée a surgi chez ma mère de
m’emmener au manège. A l’époque (vers 1958), ce n’était pas une
activité banale, mais maman cultivait un côté avant-gardiste et désirait
répondre aux besoin d'activités sportives de ses enfants.

Chaque été, tout le mois de juillet, notre famille se rendait à Knokke-le-Zoute
et j’ai débuté au manège "L'Etrier" du Zoute . Le maître s’appelait Mr Ettinger,
un ancien officier de cavalerie. En tout cas, il en avait l’air !
On montait des chevaux, les poneys n’ont été utilisés pour l’instruction
que bien plus tard ! D’ailleurs le premier poney que j’ai monté  est Gap !
Un palefrenier amenait la monture toute prête pour la leçon,
on n’apprenait ni à panser ni à brider ni à seller !


Danielle Gritten sur Fine Champagne au manége "L'étrier " au Zoute vers 1963

Mr Ettinger sévère, rigide ne badinait pas avec la position. On pratiquait
beaucoup d’exercice sans étrier au trot assis et souvent de la voltige.
En cas de chute, on se faisait traiter de tous les noms !
J’ai adoré cette période, tous ces mois de juillet entre mes 8 et 16 ans !
Nous partions en balade dans les dunes et sur les grandes plages
de Hollande où nous galopions formidablement !

Je pensais beaucoup aux chevaux, mais 11 mois sur 12 je ne montais pas.
Tous les jours en juillet (et même plusieurs fois par jour), mais uniquement
ce mois-là !

A partir de 17 ans, ponctuellement, jusqu'à 20/21 ans  j’ai  monté certains
week-ends avec une amie, Françoise dans des fermes près d’Hamoir. On vivait
à la dure en dormant dans le foin. Je me suis mariée, mes deux ainés
sont nés. L’équitation a été mise entre parenthèses...


Françoise m’a relancé afin de reprendre régulièrement au manège
« Le Brusson » à Louveigné. J’y allais une fois par semaine.
Bonne ambiance, bons chevaux, bon enseignement. Puis nouvel arrêt
quelques années plus tard pour deux nouvelles grossesses.

Je n'ai jamais possédé de cheval. A l'époque où je vivais chez mes parents,
je souhaitais au fond de moi devenir propriétaire, mais il n'en était pas
question;  je ne pouvais monter qu'en vacances alors posséder un cheval...
Je pense aussi que mes parents savaient très bien tout ce que cela
impliquait, et que ce n'était pas possible. Implicitement je le comprenais
et je ne les ai jamais tannés pour cela.


Après, quand je me suis mariée, je n'ai pas eu assez d'argent, de temps,
j'ai été très rapidement enceinte et mon mari Bruno voyageait très
fréquemment pour son métier. Impossible d'avoir la place
pour un cheval et même pas pour monter !!

Mais je n'ai pas désespéré puisqu’un jour l'occasion s'est présentée
et mon désir de monter, toujours bien vivant, a refait surface !

En 1989, une maman avec qui j’avais sympathisé à la sortie de l’école
m’a fait découvrir le Bois du Roi. Michel et Marie-Anne venaient de
commencer et n’avaient pas encore fixé les règles.
Aussi sommes-nous parties en promenade seules dans la campagne !
Incroyable aujourd’hui ! Je me rappelle très bien ce hongre presque
blanc, Prince.

Ensuite,  j’ai rejoint un des tout premiers cycles organisés. Une pratique
innovante, car avant on réservait les leçons une à une. Depuis à part
une longue revalidation de 30 mois après une opération , je suis
fidèle et régulière au Bois du Roi.


Mes quatre enfants y ont monté longtemps. Une de mes petites-filles
m’a aussi accompagné deux-trois ans.

Depuis 2015, je ne monte plus qu’en promenade, le dimanche matin
avec Gap. Je n’ai pas l’impression d’être sur un petit cheval. Il a bon pied
et bon pas et j’ai confiance en lui. Avant, je faisais partie du cycle du
vendredi soir à 20h 45’. Mais un moment, j’ai eu l’impression de ne plus
progresser. Et avoir le sentiment de m’améliorer sans cesse était
important pour moi.

Je me souviens de Cutler, un pur-sang (j’ai toujours aimé les chevaux
avec du sang), Socrate, Orgeval, quelques-uns des meilleurs que j’ai sellés.



En 2014 avec Marbre-Rouge


Pourquoi les chevaux sont-ils essentiels ?
J’aime la relation avec eux. Créer et développer une connivence subtile.
J'étais Kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation ou plutôt l'éducation
neuromotrice et psychomotrice des enfants atteints d'infirmité cérébrale.
Dans ma vie professionnelle, je me suis parfois inspirée de ce que les chevaux
m’avaient appris.
Et puis, être sur un cheval dans la nature, c’est être libéré !

Je veux respecter les chevaux et j'aurais aimé être plus proche d'eux
pour mieux comprendre leur caractère et leurs particularités et ainsi
mieux m'adapter à leurs réactions et y trouver des réponses adéquates.
(Cette réflexion ne m'est venue qu'avec la maturité, étant enfant mon
plaisir était essentiellement l'amour de l'animal et la fierté de pouvoir le monter !)

Le travail avec un cheval, n'est qu'un échange de signes, de compréhension
mutuelle et d'exigence pour arriver à un haut degré de performance.
J'ai toujours été en admiration devant les personnes qui savaient les
comprendre, et qui avaient avec leurs chevaux une complicité
extraordinaire...cela demande énormément de travail, d'écoute
et de compréhension de ses propres attitudes personnelles.
C'est aussi cela le métier de kiné...


Je n’ai pas de mauvais souvenir, mais beaucoup de bons !
Le plus marquant : j’ai 13 ans, je monte un cheval « chaud » sur la plage.
Au galop, nous devons rester en ligne de front avec le moniteur au centre.
On accélère, la ligne ne se désagrège pas et j’arrive à tenir mon cheval.
Je suis heureuse.

A cette époque, les chevaux faisaient ou défaisaient mon bonheur entier !
Judicieusement au fil du temps, mes sources se sont diversifiées !
Mais cela demeure important et j’espère pouvoir monter sans problème
encore longtemps. Arrêter, ce serait comme une première fin et je pense
qu'il me faudrait encore beaucoup de travail personnel pour l'accepter ! »




Monter longtemps ou pas est surtout culturel. En Angleterre, il est très fréquent de rencontrer
des cavaliers septuagénaires et octogénaires. Bien sûr, il faut des montures adaptées. Certaines races
de poneys font bien l’affaire ! On voit la reine d'Angleterre, Elisabeth II, en selle à 91 ans le 27 avril 2017
!

 


Danielle peut s'inspirer de la prestigieuse compagnie ci-dessus.
Ici en mars 2018 à 67 ans , elle entamait peut-être
avec Gap une nouvelle période équestre de 23 ans au moins !