Sahid au Championnat d'Europe d'Endurance
Le bronze par équipe pour la Belgique


LI Korum 2e à Most en Tchéquie

 


L'arrivée de l'équipe belge à Florac. De g. à dr., Maritza Pereira et Lima du Barthas,
Céline Just et Jahman et Michel Lequarré sur Sahid des Fontaines

En juillet et août, Sahid et LI Korum ont été travaillés selon un plan d’entrainement rigoureux.
Six jours à la mer sur plages et dunes, trois jours de stage avec l’équipe nationale
dans la vallée de la Semois, de longues randonnées en Ardenne
(jusqu’à huit heures, toutes les côtes au trot) ont alterné avec les séances légères
à la maison et les galops. Progressivement ceux-ci ont atteint une durée de
120 minutes à 20 km/h.
Jamais nous n’avions besogné autant nos chevaux.  

Lundi 5 septembre

Sahid dans le van et en route pour Florac. Le Championnat d’Europe d’Endurance s’y dispute samedi. Comme d’habitude, Ali voyage avec moi. Nous nous relayons au volant. Le soir escale à Lyon.

Mardi 6 septembre

La course, célèbre dans le monde entier (celui de l’endurance !),  se nomme « Florac »,
mais le site se situe à Ispagnac, quelques kilomètres plus loin.
Un pays de moyennes montagnes (les Cévennes) et de causses,
plateaux presque déserts à 1000 mètres d’altitude. C’est notre quatrième occasion de venir ici,
trois participations (Kwinjy 2008, Sahid 2010 et 2011) et la grande rando de 2010.
Erigées au départ de rien, une prairie nue, les infrastructures ne manquent pourtant
pas de cachet et sont vastes.
Je monte Sahid une heure, on l’installe dans l’écurie au bord du Tarn,
et on file découvrir l’hôtel à Mende.

Mercredi 7 et jeudi 8 septembre

La Belgique présente six couples : Pierrot Di Geronimo (Mengali), Céline Just (Jahman),
Maritza Pereira (Lima), Séléna De Wasseige (Kalah Grey), Raphaël Van Cauter (Taborah de Sier)
et je monte Sahid des Fontaines. Le staff se compose du vétérinaire Peter Wijnendaele,
du maréchal ferrant Louis François, de l’ostéopathe Bruno Van Cauter
et pour régir les gens, les choses, les évènements le chef de délégation et
entraineur national Pierre Arnould.
En plus chaque cavalier sera bientôt escorté d’assistances plus ou moins nombreuses.
Au total environ 35 personnes seront à pied d’œuvre le jour J.
Il règne une excellente ambiance.

On reconnaît à cheval la fin du parcours. Paysages splendides et soleil généreux.
Ali nous accompagne sur Kalah Grey car Séléna rejoindra vendredi.
Kalah, un cheval de classe (3e au Championnat d’Europe junior),
mais fantasque et en début de séances, il secoue. Ali gère.

FR 3 tourne un sujet sur nous.

Dans 24 heures, briefing de Pierre Arnould avec consignes tactiques et
dévoilement des quatre de l’équipe.

Vendredi 9 septembre

La réunion terminée, nous sommes tous étonnés : Pierrot Di Géronimo,
pilier du team depuis des années concoure en individuel avec Séléna de Wasseige !
Ils auront pour mission de prendre des risques afin de se hisser le plus haut possible.
Pierrot (membre effectif de l’ASBL Bois du Roi, qui donne souvent un coup de main
chez nous et qu’on aime bien) est déçu.
Pourtant, il se comporte de façon exemplaire et réussira demain une performance sensationnelle.

En ce qui concerne l’équipe, nous tenterons de galoper ensemble bon train,
mais sans brûler trop d’énergie avant la 5e étape, toujours le moment stratégique ici.
Céline Just devra mener les 50 premiers kilomètres à environ 15.5km/h.
S’il est raisonnable d’envisager une médaille, le bronze apporterait déjà une énorme satisfaction.
  
Au contrôle initial, devant la grande foule, les chevaux belges défilent sans anicroche.

Du côté de mon intendance, nous sommes parés, car Julie Kinna vient d’arriver.

Le tracé décrit une immense et unique boucle en six phases.
Les organisateurs ont aménagé six aires de vet gate avec toutes les commodités !
Sur des routes étroites, sinueuses et parfois très raides, 1000 véhicules et
3000 personnes suivront ou précèderons les pelotons. Le défi n’est pas gagné d’avance !

Samedi 10 septembre

Au cœur de la nuit, l’horrible voix électronique de mon GSM nasille : 
« Il est 2h 40’, il est l’heure de se lever, il est 2h 40’, il est l’heure de se lever » .
Je titube vers la salle de bain, me rase les yeux mi clos et finit à peine de
m’éveiller quand je lace mes chaussures.

A 4h 30’, le départ ! Nous chargeons sur un champ de bataille !
Dans le noir, comme si des clairons et des canons affolaient nos quatre-vingts coursiers,
ça fuse au galop de cross. Céline emmène devant Maritza. Sur un Sahid pétillant,
je m’emploie au maximum afin de coller à Lima. Séléna et Raphaël achèvent de former le train belge.
Tout en ayant la frousse que Kalah me saute dessus, j’éprouve de l’admiration pour Séléna,
car d’après le récital avec Ali, elle doit en voir de toutes les couleurs.
Ou plutôt, comme moi, elle ne distingue rien à part la croupe du cheval précédant.
Au sein du peloton, deux bornes de cavalcade sur l’asphalte dans un bruit d’enfer,
puis virage en épingle, franchissement d’une passerelle sur le Tarn.
Tout en demeurant soutenu, le rythme s’apaise.

Nous ne sommes munis que de lampes frontales ordinaires, mais juste derrière nous,
un Russe dispose d’un formidable projecteur qui offre un rais de clarté confortable.

Pierrot est parti devant. Vers le 15e km, on le rejoint et c’est groupé que les six Belges
parviennent au premier vet-gate. Il est 6h 37’ et il fait nuit. Si pour les automobiles,
cela bouchonne parfois, pour nous cavaliers, l’organisation fonctionne dans l’huile. Tout est fluide.

Le premier, l’Emirati Ali Khalfan Al Jaouri sur un extra terrestre, Kalifa,
nous a distancés de 20 minutes en 32 km. Pourtant, malgré les importants dénivelés,
nous atteignons notre moyenne souhaitée de 15.5 km/h. Ce fabuleux Kalifa, épique et magistral
continuera de la sorte, à 19 km/h, solitaire jusqu’au bout!
Une performance inouïe sans jamais voir un adversaire pendant 8h et 38’ de galop.
Probablement le plus bel exploit depuis la naissance de ce sport dans les années 1950.
Et en pulvérisant le record de l’épreuve d’une heure !

Coup de mou pour la Belgique. Raphaël Van Cauter est éliminé.
Une ancienne blessure au genou de Taborah s’est rouverte.
Céline, Maritza et moi devons nous serrer les coudes, car pour le classement par équipe,
on compte les trois meilleurs résultats. Nous sommes maintenant contraints de terminer absolument.

Dans un abreuvoir à mouton, Sahid, habituellement à la limite de la déshydratation,
boit beaucoup dès le 40e km. Lors de la rando 2010, nos montures s’étaient également
désaltérées dans ce tronc évidé.

Par brouillard épais, on escalade l’Aigoual au trot, on dévale le mont aussi vélocement que possible
et à la fin de la troisième partie, les Belges se retrouvent 5es par équipe,
derrière l’Espagne, la France, l’Italie et l’Allemagne.

Vers le 105e km, Kalah s’effraie devant une statue équestre, se défend et
finit par déferrer en se blessant. Malheureusement, Séléna restera en rade au vet gate suivant.

Juste après, une des principales difficultés se grimpe au pas et  à pied.
Par prudence, car nos chevaux sont encore bourrés d’énergie. Tout fonctionne à merveille.
Sahid accomplit la meilleure 160 de sa carrière… et moi de même.
Il récupère plus vite que jamais (1’ 40’’) et je n’éprouve aucun mal à le faire avancer,
 sans jamais talonner tout au long des 160 km et des 3600 mètres de dénivelé.
De relais en relais, un brin d’euphorie nous gagne, une amitié commence.

Au départ de la fameuse 5e partie, nous demeurons 5e, mais à seulement 2 minutes des Allemands.  Marchant davantage que mes compagnons dans la côte, j’ai concédé un peu de retard et
pousse 10 kilomètres pour rejoindre les filles, car Pierrot Di Géronimo décidé
à produire le maximum tire le groupe à bride abattue. D’ailleurs le cavalier de Mengali
distancera notre trio d'une demi-heure sur les 40 dernières bornes!

Les trois hongres gris, homogènes dans l’effort galopent l’étape à 18 km/h.
Au soleil, mais dans le vent, sur l’âpre et beau causse Mejean, avec Céline Just et Maritza Pereira, équipières plus attachantes l’une que l’autre ce n’est que du bonheur.

Sur la piste, les allemands ont perdu deux compétiteurs (chutes) et un italien ne ressort pas
indemne de l'examen métabolique ! La médaille de bronze ornera notre cou si
nous rentrons tous les trois à l’arrivée sans faiblir et si nous réussissons les examens vétos.
Il reste 20 km, ceux des défaillances et des claudications fréquentes…

Jahman, Lima et Sahid (trois merveilles!) en ont sous les sabots.
On franchit sans beaucoup de peine l'ultime montée et nous plongeons sur Ispagnac
550 mètres en dessous. L’émotion me fait frissonner et j’ai la chair de poule.

Soudain, à 6 km de la banderole, des ennuis. Lima déferre d’un antérieur.
Rapidement un easyboot est fixé. Mais en repartant, c’est Jahman qui boite fort !
Céline qui possède un sens de l’endurance hors pair explique que cela va peut-être passer.
Je n’y crois pas un instant, la médaille s'envole. Céline Just nous encourage à poursuivre,
à finir notre course. La mort dans l’âme, nous nous éloignons, au petit trot, car Maritza
tremble de perdre la chaussure provisoire. Ce qui se produit à deux reprises !
La seconde fois, on ne retrouve pas l’easy boot et on marche au pas dans les cailloux.
On y laisse un temps fou. Dans le dernier kilomètre, le sol devient souple,
moment choisi par Céline pour réintégrer avec Jahman au trot comme si de rien n’était !
Il a mal au pied sur les pierres, mais se déplace parfaitement sur l’herbe.
Je n’en crois pas mes yeux. Mais le sabot nu de Lima s’abîme. Pourra-t-on le remettre  d’aplomb?

En attendant, on arrive au poteau main dans la main et une foule enthousiaste applaudit.
Jamais je n’ai vu autant de monde sur une épreuve d’endurance ni autant de photographes de presse.
Pas d’allégresse, pas encore. Je ne suis pas tranquille. Rien ne dit que Jahman ne reboitera pas.
Il faut « réparer » Lima et qui sait ce que les vétos peuvent dénicher chez Sahid ?

On dispose de 30’ pour présenter nos chevaux. Peter Wijnendaele plonge les pieds de
Jahman dans la glace, tandis que Louis François pose un fer léger entouré de silicone
à l’antérieur de Lima.

Sahid se s'avance le premier. Après 10 minutes,iI est à 50 pulsations. Depuis le matin,
Ali le trotte de façon superbe et à nouveau il est carré. Premiers pas vers la récompense par équipe !
Je me classe 12e européen et 17e de l’épreuve.

Ensuite Jahman, son allure impeccable nous rapproche davantage du bronze.

Pendant ce temps-là, le staff teste Lima dans la zone d’attente. Le gris hésite deux trois foulées,
peu de chose, mais les Espagnols viennent de perdre l’or pour autant.
Quand Lima et Maritza entrent dans l’aire de contrôle, tous les Belges sont tendus comme des arcs
et solidaires comme un bloc de granit.

A l’annonce du passage positif de Lima, une belle et bonne joie déferle sur le team Belgique.
Avec Céline et Pierrot (9e), nous bousculons les officiels et traversons le trotting en
courant pour étreindre une Maritza en larme.
Pierre Arnould, l'encadrement, tous nagent en plein bonheur. La Belgique est titrée par équipe
pour la première fois dans un championnat sénior depuis 2005.
Bronze pour nous, argent pour l’Espagne et une fois de plus la France obtient l’or.

En individuel, l'immense champion Noby et l’Espagnole Maria Alvarez Ponton
remportent leur 4e championnat d’affilée (deux d’Europe et deux du Monde).
Exploit hors du commun supplémentaire pour ce Championnat d’Europe d’un niveau historique.
Médaille d’argent pour l’Allemande Sabrina Arnold et le bronze revient au Français Pierre Fleury.

Plus tard, avec Yvon Fabry et Hubert Urlings, qui ont fait le long déplacement pour m’encourager,
je raconte les péripéties devant une bière, une autre façon de savourer et pas la moins agréable.

Dimanche 11 septembre

Au sortir du box, Sahid, un peu raide, a besoin du décrassage pour dénouer sa musculature.
Après une demi-heure de pas, il se délie tout à fait .

Le moment est rare et même solennel, aussi le clan belge profite-t-il à fond
de la cérémonie protocolaire. Quand le délégué FEI me passe la médaille autour du cou,
je ressens une émotion à laquelle je ne m’attendais pas (le soir, j’aurais presque envie de
conserver la breloque pour dormir !). Avec Pierrot Di Geronimo, Maritza Pereira
et Céline Just nous partageons une  vraie allégresse, du genre qui ne s’oubliera pas.

Je remercie les personnes de l’encadrement (qui on fournit un travail très performant
dans la bonne humeur) on embrasse tout le monde, et nous prenons la route
vers Warsage via Lyon, comme à l’aller.

Jeudi 15 septembre

Au tour de LI Korum.

Athlétiquement, il n’est pas nettement en dessous de Sahid, mais il n’est pas à l’aise
sur les sols durs ce qui limite les possibilités d’engagements.
Aussi, l’herbe et la cendrée de Most en Tchéquie lui conviennent-elles.
En 2010 il a gagné ici la même 160.

Most n’est pas si loin, 710 km, mais traverser
l’Allemagne, pays qui connait un grave problème de saturation automobile n’est pas aisé,
ainsi nous utilisons 13 h à l’aller et 12 h au retour (un dimanche !) pour effectuer le voyage.

Vendredi 16 septembre

Ali m’assistera seule. Pas facile, mais jouable, car elle a réussi ce challenge l’année passée.
D’autant que les boucles sont identiques.
Bon contrôle initial. Malheureusement, nous ne nous alignerons
qu’à sept sur la ligne de départ demain à 6h.

Samedi 17 septembre

Je ne le sais pas, mais la journée semblera interminable.
Je ne connais aucun de mes adversaires, une Danoise, deux Hollandais,
trois Allemands et une Suédoise.

Le départ.  On s'ébroue un peu vite à mon goût, comme on le ferait en France,
mais avec un plateau pareil, je doute fort qu’un  équidé de ce lot puisse tenir.
D’ailleurs, j’en laisse s'éloigner quatre en maugréant, car je pense que les chevaux
risquent de manquer de peps pour la deuxième moitié.

Me voilà seul au début de la seconde phase. Il y a les 4 devant, puis LI Korum à 4.’
Les deux autres sont largués à 14’’. J’impose à mon gris un premier coup de collier pour rejoindre,
avec énergie, car inconscients de la suite le quatuor cavale. On avale cette phase à 18 km/h.

LI Korum récupère bien et repart le premier (3e boucle). Pendant que j’attends au trot raccourci,
je me trompe de chemin, une erreur de 7 minutes ! Et un deuxième effort, celui-ci dure 12 km.
En effet, devant on se hâte encore la fleur au fusil. Au 80e km, je rentre sur un duo de tête.
La Suédoise monte le cheval le mieux allant devant un cavalier Hollandais qui se contente d’être là.
Ce n'est pas brillant, on sent que ces montures ont consenti l’essentiel.
J’enrage en imaginant la fin de journée : une longue promenade au petit trot et au pas,
car il ne faut pas trop compter sur LI Korum pour jouer les locomotives. Suivre d’accord,
presque tous les tempos, mais mener ne correspond pas à son tempérament !
La situation se corse quand le cheval suédois panache, se blesse et abandonne !

Le temps agréable convient parfaitement et la manifestation est impeccablement
organisée sur un splendide hippodrome.

Au terme de la 3e partie, il reste 70 km. Leader au vet (mais LI Korum reprend haleine
trop lentement à mon goût), j’hésite. Quitte à tirer, ne vaut-il pas mieux tenter seul
plutôt qu’avec un poids mort dans la roue ?
Banco !

Une bêtise, car en éclaireur solitaire, le calvaire s’enclenche. Je stimule et encourage
LI Korum autant que je le peux. Talonner presque à chaque foulée, dire à mille reprises
« allez, allez, avance », jusqu'à ce que je me rende à l’évidence : ça ne marchera pas.
Encore 60 km et LI Korum ne met littéralement plus un pied devant l’autre,
physiquement en état semble-t-il, mais mentalement détruit, hagard.

Je pense abandonner. A aucune époque, je n’ai vécu à cheval une pareille galère.
Qu’il paraît loin le faste du Championnat d’Europe !
 Ali me réconforte : « Quand il sera accompagné, il reprendra vigueur. Il n’est pas si fatigué. »
Alors j’attends en laissant mon démoralisé manger tout son saoul.

Cinq minutes… Dix minutes… Mais enfin, je n’avançais pas et personne ne rapplique.
Qu’est-ce que c’est que cette compétition ? Au bout d’un quart d’heure, le Hollandais
( un quadragénaire, quinqua ?) apparaît, tiré par la Danoise, une rougeaude à lunette,
aux fesses aussi rondes que celles de son alezan. Là, comme prévu par Ali, Lazare-LI Korum
ressuscite des morts. Nous voilà repartis, mon arabe suit volontiers. Incroyable !

On vient de tourner à  du 12. Alors que la forte Danoise se retire pour boiterie,
au menu le dessert indigeste comprend deux fois la boucle verte de 19 bornes.
Heureusement, avec une jeune Allemande revenue de loin nous formons un trio,
guère dynamique, mais c’est mieux que rien.

Les 38 derniers km sont bizarres. LI Korum trotte volontiers en tête. Si le Hollandais mène,
on languit au pas ou au trot tout menu, la Germanique amorce ses relais au pas,
mais de temps en temps elle galope un km à vive allure. Sans doute pense-t-elle nous lâcher,
cependant LI Korum et l’étonnant petit gris batave emboitent sans problème.

Vers 20 h, on s’élance pour l’ultime épisode. Alors que nous poursuivons notre lente procession,
il fait noir comme dans un four. Sûr, si je suis éliminé à l’arrivée, je ferais une dépression !
Par conséquent, je me demande: sprint ou pas sprint ? Après réflexions, je choisis
d’y aller uniquement si l’emballage final commence tard. C’est ce qui se produit.

A 500 mètres de la ligne, le cheval allemand fuse, me devançant immédiatement de cinq longueurs.
Là, le spécial LI Korum, à moitié trépassé au 90e km, se décide à mettre la gomme.
Il déboule à fond et peu à peu, régulièrement regagne du terrain (on se bat dans le noir,
seuls les 100 derniers mètres sont éclairés). Au poteau, nous franchissons côte à côte
de sorte que j’ignore le verdict, mais le speaker m’annonce second, avec une tête d’écart.
Dix mètres de plus et je m'imposais. Il est 21h 54’.

Déjà je regrette cet effort un peu fou. Courir un risque et ne pas triompher, cela en valait-il la peine ?
LI Korum franchira-t-il le contrôle final ? L’année passée, dans les mêmes conditions,
il lui avait fallu 29’ pour revenir tout juste à 64…

Mais pas de problème, les vétos valident notre 2e rang comme pour l’Allemande
et le Hollandais 3e à quelques longueurs. On a mis 11h et 34’ pour boucler les 161 km à 13.91
de moyenne. Long, long, très long ! Vive les pelotons plus consistants.
Mais bon, une 160 supplémentaire à notre palmarès, une seconde place sur une CEI 3*,
je ne boude pas mon plaisir, j’apprécie cette belle satisfaction.


Je tiens à remercier Alienor Linotte pour son efficacité et son courage irremplaçable,
lors des assistances en course, mais aussi chaque jour de l’année pour l’entraînement
et les soins minutieux prodigués aux chevaux. Julie Kinna est une assistante de l’assistante
en chef de plus en plus indispensable. Stéphanie Schmetz et Evelyne Cupers ont amené
en condition Sahid, Bess et LI Korum avec dévouement (Evelyne se charge en plus
d’assurer le suivi pendant les séjours en à l'étranger pour les chevaux restés à la maison).

Sont également essentiels, mes amis et les supporters de Bois du Roi qui me regonflent si souvent (particulièrement Yvon Fabry et Hubert Urlings qui se sont rendu à Florac).
Le maréchal ferrant Thierry Dethier joue un rôle déterminant. A Florac, le staff de l’équipe
nationale a fourni un travail remarquable (Pierre Arnould, Peter Wijnendaele,
Louis François et Bruno Van Cauter).

Merci à ma femme Marie-Anne, mon plus important soutien qui me pousse de toutes
ses forces quoi qu’il advienne.

A eux tous, à vous tous, je dédie cette formidable médaille de bronze des Championnats d’Europe 2011.

Michel Lequarré