Nos chevaux

Dix ans au manège

Troisième partie

Gato

Gato, un charmant petit poney bai d'1.28m au garrot, est arrivé au manège du Bois du Roi en mai 1993. Etant né en 1987, sans doute au printemps comme la plupart des chevaux, il avait donc tout juste six ans.

Il a complété l'écurie d'équidés de petite taille destinés aux jeunes cavaliers, deux ans après Lalleza, Mancha et Flicka.

Pourquoi porte-t-il ce nom curieux ? A l'époque, Michel lisait « Le grand raid » le récit du voyage d'Aymé-Félix Tschiffely, un maître d'école d'origine suisse émigré en Argentine qui, entre 1925 et 1928, a traversé toute l'Amérique. Une chevauchée mythique de 16 000 km de Buenos Aires à New York : 16.000 km seul avec ses deux chevaux : Mancha et Gato

Michel avait déjà  Mancha …Gato survenait à pic pour faire la paire.

Comment était Gato à ses débuts ? Nous n'en savons rien, car nous n'étions pas encore au manège à cette époque (normal, Noëlle a exactement le même âge que Gato, elle est aussi née au printemps 1987…et à 6 ans, elle était un peu jeune pour fréquenter les lieux, en effet à l'époque les cavaliers ne commençaient pas avant environ 9-10 ans!)

Mais Michel nous a raconté l'une ou l'autre anecdote…par exemple, Gato ne mangeait jamais son foin dans sa mangeoire, mais uniquement si on le lui déposait sur le sol…il avait ses raisons…Figurez-vous qu'un jour, on venait de lui déposer son foin dans la mangeoire, comme d'habitude, quand le poney est devenu comme fou…et qu'a vu Michel ? une souris qui sortait du naseau de Gato…elle était dans le foin et s'était réfugiée dans ce « trou de souris », rendant le poney absolument « dingue » jusqu'à ce qu'elle en sorte...Depuis lors, si on mettait le foin dans sa mangeoire, Gato tirait au maximum sur sa chaîne pour s'en écarter le plus possible et refusait de manger jusqu'à ce que le foin tombe par terre…il a gardé cette habitude tout au long de sa vie de manège…et toujours maintenant, il mange son foin par terre.

Gato a remporté des concours, en interne au manège…mais s'est aussi distingué par une célèbre contre-performance en extérieur. Michel nous a raconté qu'il y a longtemps, monté par Cindy Jansen, excellente cavalière qui saute maintenant des parcours d'1.20 m, Gato a commencé son parcours par 3 refus sur le premier obstacle… une barrière blanche comme il n'en avait jamais vu…la cavalière a été éliminée. L'après-midi, autre parcours, mais même obstacle d'entrée…et trois refus…la cavalière a du rentrer au manège sans avoir passé un seul obstacle…C'est depuis lors que le manège du Bois du Roi est équipé d'un bel obstacle « barrière blanche » sur la piste de galop…don du papa de Cindy Janssen …pour que les chevaux du manège ne fassent plus jamais de refus sur ce type d'épreuve !

Et Gato s'est certainement entraîné, car nous l'avons vu participer avec brio au derby de 2002 sous la selle de Noëlle, avec qui il s'entendait déjà bien!

Ce poney volontaire a fait de nombreuses randonnées, il a porté sur son dos un nombre incalculable de petits cavaliers…jusqu'en avril 2005…il avait alors 18 ans, dont 12 au Bois du Roi…et son moral n'était plus au beau fixe…il en avait assez des apprentis cavaliers du manège, allant se cacher dans les coins avec son petit cavalier sur le dos, sans vouloir en sortir. A l'obstacle, il ne voulait plus sauter, sauf avec l'un ou l'autre en qui il avait confiance…et Michel a fait le bonheur de l'une d'entre eux, Noëlle, en lui permettant de l'accueillir en pré-retraite.

Mais dis-moi, Noëlle, pourquoi aimes-tu Gato ? Qu'apprécies-tu chez lui ?

Eh bien , tout d'abord, j'aime Gato parce qu'il est un des premiers poneys que j'ai monté au manège. Ce fut le coup de foudre comme on dit. Avec ses trois balzanes, son nez tout blanc, sa crinière touffue et ses yeux vairons, je trouvais qu'il avait une sacrée cogne. C'est bien connu, le charme, c'est souvent ce qui attire les cavaliers débutants !

Au fil du temps et des leçons, j'ai appris à mieux le connaître et j'ai apprécié une foule d'autres choses chez lui. Premièrement, c'est un poney qui a beaucoup de caractère, il a ses humeurs et je le trouve très expressif. Que ce soit au travail avec moi, ou au pré avec les autres chevaux, lorsqu'il a une idée en tête, il faut ruser pour l'en faire changer. En compagnie d'autres chevaux, il se tient fièrement , aime se pavaner devant les juments, et donne l'impression d'avoir toujours un bout de prairie à défendre !

Cela dit, s'il a effectivement du caractère, il n'en est pas moins très doux avec les enfants. C'est une des autres qualités qui me plaisent chez lui. Il est très respectueux envers les humains, se laisse caresser sans bouger par les enfants du quartier…il se tient également très correctement vis-à-vis des chiens : ils peuvent aboyer et courir vers lui, Gato ne bougera pas !

Pourtant, on ne peut pas dire qu'il n'ait peur de rien. Quand il est arrivé chez nous, il n'avait pas l'habitude des balades en solitaire, et s'effrayait d'à peu près tout ce que nous rencontrions (excepté des voitures et des camions). J'ai mis plusieurs semaines à le désensibiliser aux sacs poubelles, à le faire approcher des boîtes aux lettres et des panneaux de circulation. Depuis, je trouve qu'il a beaucoup progressé. En cette saison je m'attèle au passage des décorations lumineuses de Noël… Mais je pense que ce que j'aime surtout avec lui, c'est qu'il est un très bon professeur. Bien monté, il donnera toujours le meilleur de lui-même, mais à l'obstacle par exemple, il suffit d'une petite faute de main ou d'assiette à l'abord, pour qu'il s'arrête brusquement…et j'avoue qu'il m'arrive encore parfois d'aller vérifier accidentellement la consistance du sable de la carrière d'un peu trop près !

Enfin, si Gato ne pardonne presque rien, je dois, pour terminer et bien que je n'aie pas été exhaustive, lui reconnaître qu'il est très volontaire, courageux et endurant. En effet, même s'il a presque atteint l'âge respectable de 21 ans, il est encore en pleine forme. Nous passons souvent de très belles journées de randonnées ensemble, et je pense que nous avons encore quelques Saint-Hubert à faire devant nous !

Depuis bientôt 3 ans, Gato vit dans une grande ferme ancienne, équipée d'une carrière, à 300 mètres de chez nous, il passe les 6 mois d'été en prairie, et l'hiver dans un box à côté de celui « sa » Flicka…

L'un de nous lui porte ses carottes ou ses quartiers de pomme tous les jours. Parfois, il vient lui-même avec sa cavalière les demander à la porte de la cuisine, en passant par le jardin.

Dorloté, pansé, il est monté par Noëlle, parfois par Nicolas, sorti ou promené en main presque chaque jour.

Comme beaucoup ont pu le voir lors des deux dernières St Hubert, à presque 21 ans, il a retrouvé la confiance en la main de celle (ou celui) qui le monte. Il saute à nouveau des obstacles, avec un plaisir évident, fait de longues promenades dans les campagnes autour d'Ensival, répète avec joie les exercices deTREC que Noëlle et sa maman ont appris au manège lors des leçons du dimanche…

Il « pète des flammes »…il faut le voir, dans son immense prairie, défendre « sa » ponette Flicka (presque une sœur jumelle), contre les avances de deux grands chevaux de la taille d'Usaro…et montrer à tous que même un hongre de plus de 20 ans garde tout son appétit…et tous ses moyens… pour séduire les charmantes demoiselles !

Anne-Lise Crickboom et Noëlle Henrotay


Shaguy


En mars 1995, mon ami de la promenade du dimanche matin, Freddy Wernerus confiait à qui voulait l'entendre son rêve de galoper sur un magnifique cheval pie-bai.
Quelques jours après, dans le Sillon Belge paru l'annonce suivante : « Très beau pie-bai, 1m 60, à vendre… » En curieux, seulement parce que Freddy en avait parlé, je me déplaçai entre Saint-Hubert et Libramont pour voir Shaguy.




Le superbe cheval que vous connaissez, encore étalon servait une jumenterie d'une dizaine de femelles, toutes pies. N'ayant jamais travaillé, il n'était pas débourré. C'est peu de dire qu'il m'a plu ! Au premier regard, je l'avais déjà acheté ! D'autant que son prix était des plus raisonnable. Après la castration et un débourrage sans problème, Shaguy se mit au travail.

Au fil des années, malgré des demi-tours impressionnants qui ont fait mordre la poussière à plus d'un brillant cavalier…et abaissé certaines vanités à un niveau acceptable, il est devenu une monture d'instruction parfaite. Il maitrise son métier : leçons de débutants, reprise de dressage pour les examens, concours d'obstacle, promenades, randonnées… Il est gentil au box. Il est parfait en tête à l'extérieur. Il est suffisamment porteur pour emmener un homme costaud et comme il ne taille pas trop grand, les enfants se trouvent aussi très bien sur son dos. Excellent partout, Shaguy représente un idéal. Il trône tout simplement comme le meilleur cheval de manège de l'histoire de notre école. Il l'assume avec panache.
Tout ceci lui vaut des amitiés extrêmement fortes et fidèles. Il compte vraiment dans la vie de trois membres Bois du Roi au moins. Freddy Wernerus le monte chaque dimanche depuis 1995. Alexandra Ghaye l'a, entre autres, fait tellement progresser en dressage que Stéphane Morai me confiait un jour : «  Shaguy et Alexandra, c'est une de mes plus belles satisfactions professionnelles ! » Enfin, Katherine Etienne-Georges le couve de ses regards amoureux depuis le premier jour. Elle a déjà préparé un box pour Shaguy, car c'est probablement chez elle, à Diepenbeek, que Shaguy, qui a maintenant 18 ans, partira à la retraite.

On dit que personne n'est irremplaçable. Quand Shaguy manquera au Bois du Roi, on pourrait bien vérifier que cette maxime apparaît parfois un peu trop simpliste !

Michel Lequarré


[contact : Manège@boisduroi.be ] 24, La Heydt 4608 Warsage Tél : 04/ 376 66 79
Mise à jour : 3-jan-08 ]